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What's Up Brain?
15 juin 2020

Angoisse Nocturne

[Cuvette de Nuit]

[TW: self harm, angoisse, dépression, relations toxiques]

 

Ça monte.
Encore d'un cran.
Cette putain d'angoisse qui ne lâche pas prise.
Ces hurlements sans cesse, dans ta tête l'angoisse grise.
Allongé.e à côté de la cuvette, le portable à la main tu te demandes ce que tu as mal fait.
Tu lui dis que s'il veut pas parler, tu t'en vas mais que c'est ok.
Et soudain il parle, puis te dis "pars si tu veux maintenant".
Et tu te retrouves comme un.e con.ne dans la nuit à trembler dans la poisse de l'été, froidement.

Implacable, ça fait pourtant plusieurs mois que ça dure maintenant.
Qu'est ce qui t'a pris de prendre "t'es pas comme les autres filles" comme un compliment?
Qu'est ce qui t'as pris de lui prendre la main et tout en lui demandant avant...?
Qu'est ce qui t'as pris de le croire quand il t'a dit que t'étais "trop émotive".
Ce mec a mis du gazoil à la place du charbon dans une locomotive.
Ce mec a mis du doute sale à la place de ta part rationnelle et te dis "émotive".
Ce mec a brisé ta tête en commençant par te faire croire qu'il t'aimait, comme c'est habile.

Et tu remontes le fil, te demandant comment tu en est arrivée là.
Tu pensais pas à la base que c'était juste un gars un peu timide mais sympa.
Bien sûr il a l'air ailleurs, toujours triste et à l'écart un peu.
Mais ça arrive de se sentir à côté de la plaque, ça t'arrive même à toi...
Et puis t'avais pas aimé qu'on te laisse seul.e, quand t'étais au bord du gouffre
Pourquoi tu laisserais autrui seul.e au bord d'une falaise même si il y flotte un drapeau rouge?

Et tu remontes le fil, c'est vrai qu'il t'a dis que t'étais "pas comme les autres"
Et à partir du moment où tu l'as accepté c'était déjà la fin...
Comment ça pouvait être un piège qu'on te dise que t'étais spécial.e?
Comme t'aurais pu savoir que c'était juste une manière de t'isoler pour te mettre à mal...?
Comment tu pouvais savoir qu'il n'y avait pas de coeur dans cette poitrine qui bouge...?
Comment t'as pu faire des bouquets de fleurs pour cacher tous ces drapeaux rouges?

Et tu remontes le fil, c'est vrai qu'il disait tout le temps qu'il était en dépression
Qu'il se shootait à pleins de trucs, parlait de gris, de douleur, de prison
Il te disait qu'il ne dormait pas, qu'il y avait pleins de trucs qu'il n'arrivait pas à faire
Et t'es tombé.e dans le panneaux, toi la pillule, toi l'étincelle, toi l'infirmière...
Il dormait contre toi, et toi tu regardais son visage, tu le trouvais doux
T'as ignoré les drapeaux rouges, au premier tapis tu les as mis dessous...

Et tu remontes le fil, tu tire et tu détricote des fils poisseux
Tu te rends compte que le mec d'avant il était pas franchement mieux
Tu te rends compte que t'as eu de la compassion pour un mec qui t'avais dis être un violeur
Tu te rends compte qu'il t'a rien dis quand tu lui racontais avant que quelqu'un t'avais volé ta tête, ton cul et ton coeur
Tu te rends compte que t'aurais tout fait pour lui, que rien n'aurait fait que pour toi il se bouge
Et t'as du sang qui coule du nez, ton mouchoir blanc s'agite tâché de rouge...

Et tu remontes le fil encore, t'as tiré toute une toile dégueulasse
Toutes tes histoires sont les mêmes histoires, il n'y a que les visages qui se remplacent
Tu refais le compte de ces dernières rencontres que tu as eu, lesquelles t'ont laissé le plus de traces...
Tu essuie le miroir de ta salle de bain, et finalement tu te fais face
Tu vois ta gueule écorchée, du bleu, du rouge, ton coeur en morceaux, dans ta tête rien en place
Et tous ces drapeaux plantés dans ton dos rouge, et la corrida qu'est ta vie te glace

Et tu secoue le fil, t'as recouvert tout ça de peintures, de musiques, de couleurs
T'as raconté des histoires aux gens avec des personnages pour que ça fasse moins peur
Mais le déni s'écaille au rythme d'un mauvais vernis qui se craquelle alors qu'il devient vieux
Et tu prends conscience de ton histoire, celle que tu veux raconter de ton mieux
Et tu te rends compte la tête dans la cuvette que c'est maintenant le début de toute ta vie d'après
Les drapeaux rouges ne flottent plus, tu sais maintenant les voir, tu ne les ignoreras plus jamais.

 

150620

 

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