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What's Up Brain?
25 juin 2020

Les Coudes de la Liberté

[cette histoire se passe dans un monde où la moitié de la population mondiale a des coudes]

 

"Les coudes, pièces de chair et d'os si délicats, insolents, jeune ou vieux, cachés, qui pointent ou mystérieux.
La séduction brute, l'insolence voilée, jeunes coudes timides, ou coudes mâtures affirmés, provocants en pleine lumière ou dans l'obscurité, à l'origine de tout amour, coudes nourriciers, symboles souriciers, coudes nus et sacralisés, coudes apparents, voilà comment nous guide la Liberté...
Guidant le peuple, cher Delacroix, mais avec vous vu ces coudes que voilà?

- Ah.

- Les coudes, fièrement dressés, levés, coudes insolents, coudes apparents, engagés, doux coudes vous attirez...
Coudes mystérieux, coudes plantureux, coudes jeunes, coudes vieux...
Quelle saveur aurait eu la vie sans tous ces coudes qu'on a pétri?
Coudes parentaux, sainte béatitude, en ces coudes se soignent toutes les lassitudes...
Coudes à l'air, tshirtless, coudes cachés, pudeur voilée...
Fantasmes et voyeurs sur tous ces coudes bloqués...

- Ouais ouais, la séduction d'une chasse infinie, la proie jamais attrapée, laissons courir les rois du monde après une idée, pour (non) changer... Mais finalement, est ce que tout le monde a le luxe de les fantasmer?

- C'est pas la question, tu comprends, les coudes sont et ont toujours été un symbole, du charme et de l'érotisme.

- Ça sert d'abord à plier les bras comme pour les jambes les genoux, et puis les coudes c'est pas spécialement doux pour nous...

- Oui mais tu sais si t'as des coudes c'est normal qu'on les regarde nous qui n'en avons pas, ce serait si chouette de pouvoir plier les bras. Si j'avais des coudes un jour en me réveillant, je les toucherais tout le temps...

- Oui mais...

- Et puis un coude, un coude, j'en ai connu des coudes, et j'en ai des souvenirs... Tu te rappelles le jeune Marian? Ce que ses coudes avaient de si insolents, si doux et tendres dans la fougue de ses dix huit ans... Ils m'ont tellement marqués que j'en rêve encore la nuit, ça fait trente ans et je n'ai jamais revu Marian depuis...

- D'accord mais...

- Coudes naissants, à peine esquinté, par la dureté de la vie encore épargnés... Coudes adolescents,fantasme interdits, si je pouvais prendre les coudes des personnes de ma vie...

- Certes mais...

- Les coudes, origine du mal, tentation ultime, mais surtout ne demandons pas aux gens qui en ont leur avis, les manchots resterons toujours l'élite, celle.ux qui ont des coudes sont trop concerné.e.s, iels ne comprendraient pas... Les gens manquent de discernement quand on s'en prend au physique qu'iels doivent se trimballer...

-Justement peut être que...

- Et je ne souhaite pas qu'on m'enlève ce fantasme là... De toute façon les gens sont prudes de nos jours on ne peut plus fantasmer de rien... Pourquoi nous enlever ce plaisir là hein?

- Bon et du coup...

- Et l'amour de ma vie... Ses coudes... ***J’aime quand ils galbent ses tricots ou quand ils ouvrent juste assez indécemment ses manches relevées. Je fonds quand ils se pavanent dans un joli gilet au-dessus d’une paire de jeans... Il y a les courts instants avant de m’endormir où la dernière image que je vois avant de fermer les paupières est celle de son coude gauche. Et si j’ai de la chance, son radius pointera nonchalamment hors du drap. Il y a les fois aussi où ils sont libres sous une veste d’été et qu’ils se laissent deviner par des asymptotes ensorcelantes ou simplement quand ils sont nus sous le soleil qui les excite de ses rayons. Ils deviennent même assez coquins quand ils émergent à la surface de l’eau de son bain ou quand l’eau de la douche ruisselle en hésitant le long de la pliure de ce galbe élégant ***

- Mais enfin, tu...

- Ah je sais, je sais, un hommage bien court face à ce que valent ces coudes là... Et pourtant je leur dois tant... Ma principale source de plaisir dans la vie c'est de regarder les coudes des gens...

- T'es sûr que t'abuses pas un peu...? Et mes coudes à moi, tu sais, ils sont pas si érogènes, c'est plus à vous que ça fait effet en vrai, on dirait que vous êtes jaloux des coudes que vous n'avez pas...

- Mais c'est si doux à pétrir et à toucher...

- Parles pour toi. Moi ça me gave quand je rencontre quelqu'un qui me regarde dans les coudes uniquement. Je veux dire, je suis un humain entier, je suis un individu pleinement. J'ai pas envie de me poser la question de quelle chemise je vais mettre dans la rue... Si mon t shirt est trop court on me siffle dessus...

- Mah, prends ça comme un compliment, t'as des coudes sexy franchement...

- Mais je m'en fous je veux juste marcher tranquille! Un compliment? Tu dis ça parce que t'en a pas, en vrai c'est une plaie. Je préfèrerais presque avoir des tiges comme toi avec juste un poignet. Et puis ça vous excite plus que nous qui en avons limite. À force on va rester entre coudé.e.s, on en a marre de devoir prendre votre fétichisme pour des compliments. C'est ultra malaisant.
Si tu veux des coudes à toi, achètes en des artificiels, vraiment. Nous ça nous casse les couilles pour votre respect de devoir trouver des arguments...
Et puis merde si on vous écoute ils sont jamais assez gros ou petits, chacun fait son marché et nous en face on en pâti. Selon les modes et les époques, jamais assez gros, jamais assez fins...
Nos coudes sont soumis aux caprices de la mode.
Et c'est toujours la même rengaine: c'est ceux qui en ont pas qui dictent les codes.

- Ouais mais les coudes moi je pourrais pas m'en passer. Et puis c'est pas ma faute si les gens qui en ont se sentent agressés constament. Moi j'aime juste leurs coudes ça va c'est un compliment...

- Ok on s'arrête là."

 

Étrange n'est ce pas que cet échange là?
Déroutant, pas plaisant, absurde, gênant, pas loin d'être malsain?

Un bout de corps que la moitié de la population mondiale a, pour lequel le reste de la population appelle son fétichisme "amour" sans jamais prendre en compte celle.ux qui en ont...
Sexualisé, dépossédé, morcelé du reste du corps et de l'identité que celui ci abrite...

C'est un peu ridicule tout ça pour des coudes hein...?
Pourquoi c'est moins choquant quand ces coudes sont remplacés par des seins?

 

 250620

 

P.-S.: (***) rendons à César ce qui est à César, cet extrait vient de la nouvelle "Tes Seins" d'un certain Emmanuel, je n'ai que fais changer le mot "sein.s" par le mot "coude.s"...
Voilà le liens est là si jamais, merci de ne pas aller lui parler pour critiquer son travail, le harcèlement c'est mal, tout ça tout ça...
http://courtesnouvelleserotiques.over-blog.com/2019/12/tes-seins.html

 

P.-P.-S.: ceci est le fruit d'un ras le bol général d'être vu.e comme un objet d'inspiration (qui de plus silencieux qu'une Muse, un cis-homme parle d'elle mais elle ne parle jamais...) et non comme sujet de création (je suis artiste et j'en ai marre d'être réduit.e au silence pour qu'on parle de moi)
Je remercie d'avance les personnes sans seins de réfléchir en silence avant de protester bêtement.
Merci.

EroElbows (1 sur 1)

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